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Message aux amis de la Fête et du Carnaval, adressé le 21 août 2016 à la liste de diffusion du Carnaval des Femmes :
21/08/2016

Chers amis de la Fête et du Carnaval,

La fête est toujours présente, c’est un plaisir, un besoin, une évidence, une nécessité et la fête est à portée de la main. Nos ancêtres connaissaient une vie bien plus dure socialement et sanitairement que la nôtre et pourtant, la fête était très vivante et joyeuse. Avant 1790, il y avait un très grand nombre de jours fériés et chômés. Ces fêtes étaient souvent à motif religieux, mais pas seulement. Le Carnaval était partout très populaire.

Il existait un très grand nombre de maitrises et manecanteries qui animaient musicalement les églises et qui furent ensuite licenciées. Les centaines de chanteurs qui se retrouvèrent ainsi « dans la Nature » contribuèrent très certainement au remarquable essor des goguettes et orphéons dans les années 1810.

En 1818, les dernières troupes d’occupation alliées évacuent la France. Pour la première fois depuis 1792 le pays est enfin en paix après de très longues années de guerre. Des centaines de sociétés chantantes dites goguettes naissent alors. Leurs noms, tels que les Amis du Plaisir, les Amis de la Grappe, les Disciples de la Gaité, les Soutiens de la Folie, leurs pratiques, la durée de leur existence témoignent du besoin et de la capacité de la population à s’amuser.

Durant des décennies prospèrent goguettes et sociétés chorales, baptisées orphéons. Les orphéons seront au 19ème siècle à l’origine de rassemblements festifs regroupant des milliers de choristes.

Durant ce temps-là, les musiques festives de danses de Paris sont célèbres et propagées dans le monde entier. En France tout le monde ou presque dansent, aiment danser.

Par la suite, des motifs politiques après 1870 vont amener à réviser l’Histoire. Les Républicains veulent faire de la période du Second Empire une période maudite où le peuple a été forcément uniquement malheureux, sans parler de l’époque de la Restauration qui ne doit pas être meilleure. Pour cela il faut faire oublier goguettes, danses, musiques festives et orphéons. Le Carnaval de Paris est aussi un événement suspect. C’est l’expression du caractère joyeux, insouciant et indépendant des Parisiens et Parisiennes qui ont fait également quelques révolutions. Oublions vite cette identité parisienne, ce peuple et ces femmes qui s’amusent librement et indépendamment de la politique. Et ne parlons plus que de la Fête Nationale ! Elle sera très largement et longtemps subventionnée.

Avec le temps, le déclin des goguettes et des orphéons arrive. Ils seront considérés par les historiens à la mode comme des phénomènes marginaux politiques et populaires de qualité artistique médiocre, indignes d’intérêt. Les musiques festives de danses de Paris seront carrément vouées aux oubliettes. Pierre Jean de Béranger et d’autres poètes et chansonniers célèbres comme Émile Debraux ou Charles Gilles ne vont pas ou très peu figurer dans les histoires officielles de la littérature française. L’Histoire est souvent l’histoire des riches et des vainqueurs.

La fête populaire n’intéresse pas les historiens. De toutes façons ceux-ci préfèrent parler d’autre chose que de la joie et du rire. Ce qui nous plaît, ce qu’on aime, ce qui nous fait plaisir, la vraie vie ne les intéresse pas. Ce sont des gens tristes et neurasthéniques. Ils sont comme les journalistes qui adorent parler de choses sinistres mais jamais ou presque d’événements chaleureux et revigorants.

Mais le goût, l’envie de faire la fête est inhérent à l’homme lui-même. Ses traditions festives l’attestent. Ses recettes festives sont toujours disponibles et ne demandent qu’à être réveillées !

Saluons parmi les hardis pionniers de la renaissance festive parisienne un courageux ensemble musical belge qui reconstitue les superbes musiques festives de danses de Paris au 19ème siècle ! Il s’appelle « Les Pantalons » du nom d’une figure de quadrille. Allez voir sa vidéo sur Internet et appréciez son talent !

Nous préparons le Carnaval de Paris 2017. Et voilà qu’un érudit historien, Jean-Jacques Leroy, m’envoie les dates de naissance et décès et la liste des prénoms de Romain François Bigot l’inventeur du bigophone en 1881 ! Bigot est né le 4 mai 1835 à Saint-Nicolas-de-Port, et mort le 16 janvier 1903 à Paris 3ème. Déjà Arnaud Moyencourt, historien et musicien chanteur membre de l’association « Ritournelles et Manivelles », m’avait fourni la photo de Bigot. Je vous l’envoie. Si vous voulez mieux connaître le bigophone, joyeux instrument de musique festive qu’il a inventé, lisez l’article que je lui ai consacré dans Wikipédia.

A tous, très bonne fin d’été ! Bonne rentrée ! Et vive la joie et la fête !!

Basile

Portrait de Romain François Bigot (1835-1903) inventeur du bigophone :

Romain_Bigot_-_Almanach_du_Petit_Parisien_1910

 

Une fête carnavalesque dunkerquoise à Paris les 9, 10 et 11 septembre 2016
09/07/2016

Voici un message des Joyeux Vignerons de Bagneux reçu le 6 juillet 2016 à propos du Carnaval dunkerquois à Paris, qui aura lieu à l’occasion de la course féminine La Parisienne les 9, 10 et 11 septembre 2016 :

Salut Basile,

Cet événement est organisé à l’occasion des 20 ans de la course féminine La Parisienne, placée sous le signe du carnaval.

Le carnaval dunkerquois ne sera qu’un des évènements du week-end.

Pour notre part (joyeux), nous animerons le village de la course le vendredi 9 septembre après-midi avec 2 géants et nos planches à trou.

Le samedi, nous animerons avec la fanfare Supertromp le village de la course (Champ de Mars).

Dimanche, nous animerons le parcours de la course pendant que les P’tits Louis animeront un autre point du parcours.

À l’issue de la course, nous rejoindrons les Dunkerquois pour former une bande (c’est-à-dire un défilé) sur les Champs-Élysées et rejoindre le Champ de Mars où, après une chapelle bien méritée, nous animerons le final (après l’annonce des résultats) avec un rigodon final.

Ensuite, nous carnavalerons sur le Champ de Mars jusqu’au départ des Dunkerquois vers 19 h.

Nous cherchons des participants initiés pour étoffer le cortège des P’tits Louis (ils viennent à 57) le matin et pour participer avec les joyeux au reste des festivités de la journée.

Bises joyeuses

Iznogood 1er

Des joyeuses nouvelles des fêtes parisiennes !!! – Mail du 7 juin 2016 adressé à la liste de diffusion du Carnaval des Femmes
07/06/2016

Bonjour,

Il y a désormais à Paris trois fêtes traditionnelles vivantes qui ont repris : depuis 1998, le Carnaval de Paris – Promenade du Bœuf Gras, depuis 2009 le Carnaval des Femmes – Fête des Reines des Blanchisseuses de la Mi-Carême, et depuis 2015, la Fête des Fous.

Le dimanche 4 décembre 2016 entre 10 heures 30 et 11 heures, le défilé de la deuxième édition parisienne de la Fête des Fous, organisé par la Compagnie Médiévale de Saint-Ouen, démarrera au départ de la place Paul Painlevé, devant le musée de Cluny. Les costumes à prévoir pour cette déambulation la plus historique possible sont celtes, médiévaux, pirates, saltimbanques style gitans et Renaissance. Les seuls anachronismes envisagés sont les lunettes et les photographes.

La Fête des Fous est une importante et belle fête très ancienne qui avait disparu suite à son interdiction en 1630 par le Cardinal de Richelieu.

Vous pouvez voir sur le site du Carnaval de Paris des photos de la première édition en 2015.

Vous pouvez contacter les organisateurs de la fête du dimanche 4 décembre prochain :

pascalbaltasarcantabrie ((arrobase.)) gmail.com

La chanson occupe une place importante dans la vie festive. Certains groupes musicaux, comme les Prout, qui réunit des carnavaleux de Dunkerque, sont célèbres seulement régionalement.

Célèbre dans le Sud-Ouest, existe Nadau, un groupe musical basé dans le village béarnais de Labastide-Cézéracq. Il a créé une chanson en gascon que j’ai trouvé très belle et émouvante et vous invite à écouter (c’est extrait de son concert à l’Olympia en 2010).

La Goguette des Machins Chouettes vit et poursuit avec succès ses activités à raison d’un joyeux rendez-vous mensuel. Son animateur principal, François, a eu une intervention à remarquer dans deux événements festifs. Le samedi 21 mai dernier, il a largement animé la joyeuse et très réussie réunion de fondation de la nouvelle Goguette du 104 à Saint-Ouen.

A cette réunion participait la très dynamique troupe de danses équatoriennes Raices Andinas Del Ecuador – Francia, que nous aurons le plaisir de revoir en 2017 au Carnaval de Paris et au Carnaval des Femmes (raices-andinas.ecu ((arrobase.)) hotmail.com).

Le lendemain 22 mai, notre ami François a sauvé le défilé du Charivari Lorette dans le 9ème arrondissement. Privé au dernier moment pour cause de pluie de sa fanfare d’accompagnement, le défilé, grâce à la voix entraînante et aux carnets de chansons traditionnelles fabriqués et distribués par François s’est métamorphosé en défilé chantant. Merci et bravo !!!

Vous pouvez voir des photos de ces deux événements :

Goguette du 104 à Saint-Ouen : photo et diaporama

Charivari Lorette : 13 photos de Josette Keller, 29 photos d’Isabelle Malandrin.

Je n’ai pas réussi à trouver le contact avec les étudiants festifs de la Goliardia de Turin lors de mon passage dans cette ville fin mai. Ce sera à une autre occasion.

A tous, je souhaite une très belle fin de printemps et début d’été !

Bien amicalement et festivement.

Basile

La seconde Fête des Fous prévue le dimanche 4 décembre 2016 n’a pas été autorisée
07/06/2016

Le dimanche 4 décembre 2016 entre 10 heures 30 et 11 heures, le défilé de la deuxième édition parisienne de la Fête des Fous, organisé par la Compagnie Médiévale de Saint-Ouen, devait démarrer au départ de la place Paul Painlevé, devant le musée de Cluny. Les costumes prévus pour cette déambulation qui devait être la plus historique possible étaient celtes, médiévaux, pirates, saltimbanques style gitans et Renaissance. Les seuls anachronismes envisagés étaient les lunettes et les photographes. Ce défilé n’a hélas pas reçu son autorisation par la Préfecture de police. Il n’aura pas lieu.

La Fête des Fous est une importante et belle fête très ancienne qui avait disparu suite à son interdiction en 1630 par le Cardinal de Richelieu.

Vous pouvez voir sur ce site des photos de la première édition en 2015.

Vous pouvez contacter à cette adresse mail les organisateurs de la fête annulée du dimanche 4 décembre 2016 :

pascalbaltasarcantabrie ((arrobase.)) gmail.com

Mail du 2 mai 2016 adressé à la liste de diffusion du Carnaval : Des nouvelles des goguettes et une description du Carnaval de Paris 1833 faite par Victor Hugo !!
02/05/2016

Carnaval de Rio - Don Quixote - ano 8, n°146, p. 8, 31 janvier 1907

Bonjour,

Savez-vous que le Carnaval de Paris a eut une influence décisive sur le Carnaval de Rio ? Cette surprenante information, vous en trouverez le détail dans le chapitre consacré à l’influence internationale du Carnaval de Paris que j’ai publié dans Wikipédia ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carnaval_de_Paris#L.27influence_internationale_du_Carnaval_de_Paris

Très différent du défilé des écoles de samba d’aujourd’hui, le Carnaval de Rio au XIXème siècle a pris pour modèle les traditions du Carnaval de Paris. Comme on le voit dans l’image ci-dessus jointe à ce mail, qui montre le défilé du Carnaval de Rio en 1907. Elle est extraite d’une publication brésilienne : Don Quixote, 31 janvier 1907, 8ème année, n°146.

 J’ai aussi rencontré dernièrement au cours de mes recherches une autre information sur le Carnaval : il y avait jadis un grand Carnaval à Madrid. La presse française en parlait, par exemple en 1848. Voici une image du Carnaval de Madrid 1879 qui représente la Danza de los palos (Danse des bâtons) :

La Danse des bâtons au Carnaval de Madrid 1879 - La Danza de los palos - Le Monde illustré - 1er mars 1879

Deux de nos plus grands écrivains ont décrit le Carnaval de Paris : Honoré de Balzac et Victor Hugo. À la fin de ce mail vous trouverez leurs descriptions.

La Goguette des Machins Chouettes continue ses activités. Elle participera le dimanche 22 mai 2016 au Charivari, fête avec un défilé costumé suivi d’un bal masqué « dans l’esprit du quartier au 19ème siècle », qui aura lieu dans le 9ème arrondissement. Le rendez-vous général est fixé à partir de 14 heures 30 place Saint-Georges (métro Saint-Georges, ligne 12). Le départ du défilé avec fanfare est à 15 heures, pour un circuit en boucle passant par la rue des Martyrs (rues piétonnières pour l’occasion), retour place Saint-Georges vers 16 h 30. Le défilé et le bal sont ouverts à tous. Il est conseillé cependant d’être costumé ou masqué. La  place Saint-Georges et les rues alentour resteront piétonnières jusqu’à 19 heures. Contact des organisateurs :

charivarilorette@orange.fr

Une nouvelle goguette, petit groupe festif et chantant : la Goguette du 104, nous annonce sa naissance à Saint-Ouen le samedi 21 mai 2016. Elle invite tous ses amis ou futurs membres à la rejoindre pour un apéritif dinatoire en chansons et poésies au 104 avenue Gabriel Péri, métro Garibaldi (ligne 13) à partir de 18 heures. Apportez pique-nique, chansons, instruments de musique et bonne humeur !

Bien festivement.

Basile

Deux descriptions du Carnaval de Paris faites par deux grands écrivains français :

Le Carnaval de Paris vu par Honoré de Balzac en 1841 :

En 1841, dans son roman La Fausse Maîtresse, Honoré de Balzac évoque le Carnaval de Paris 1838, ses réjouissances de rues et ses bals.

Chacun sait que depuis 1830 le carnaval a pris à Paris un développement prodigieux qui le rend européen et bien autrement burlesque, bien autrement animé que le feu carnaval de Venise. Est-ce que, les fortunes diminuant outre mesure, les Parisiens auraient inventé de s’amuser collectivement , comme avec leurs clubs ils font des salons sans maîtresses de maison, sans politesse et à bon marché ?

Quoi qu’il en soit, le mois de mars prodiguait alors ces bals où la danse, la farce, la grosse joie, le délire, les images grotesques et les railleries aiguisées par l’esprit parisien arrivent à des effets gigantesques. Cette folie avait alors, rue Saint-Honoré, son Pandémonium, et dans Musard son Napoléon, un petit homme fait exprès pour commander une musique aussi puissante que la foule en désordre, et pour conduire le galop, cette ronde du sabbat, une des gloires d’Auber, car le galop n’a eu sa forme et sa poésie que depuis le grand galop de Gustave. Cet immense final ne pourrait-il pas servir de symbole à une époque où, depuis cinquante ans, tout défile avec la rapidité d’un rêve?

Or, le grave Thaddée, qui portait une divine image immaculée dans son cœur, alla proposer à Malaga, la reine des danses de carnaval, de passer une nuit au bal Musard, quand il sut que la comtesse, déguisée jusqu’aux dents, devait venir voir, avec deux autres jeunes femmes accompagnées de leurs maris, le curieux spectacle d’un de ces bals monstrueux. Le mardi-gras de l’année 1838, à quatre heures du matin, la comtesse, enveloppée d’un domino noir et assise sur les gradins d’un des amphithéâtres de cette salle babylonienne où, depuis, Valentino donne ses concerts, vit défiler dans le galop Thaddée, en Robert-Macaire, conduisant l’écuyère en costume de sauvagesse, la tête harnachée de plumes comme un cheval du sacre, et bondissant par dessus les groupes en vrai feu follet.

Le Carnaval de Paris 1833 vu par Victor Hugo :

Dans Les Misérables, roman publié en 1862 (5ème partie, Jean Valjean, livre VI, La Nuit blanche), Victor Hugo décrit le Carnaval de Paris en 1833, qu’il a connu. Il avait alors presque 31 ans. Le mardi gras tombait le 19 février en 1833. Victor Hugo, né le 26 février 1802, eut 31 ans une semaine plus tard.

Les masques abondaient sur le boulevard. Il avait beau pleuvoir par intervalle, Paillasse, Pantalon et Gille s’obstinaient. Dans la bonne humeur de cet hiver de 1833, Paris s’était déguisé en Venise. On ne voit plus de ces mardis gras-là aujourd’hui. Tout ce qui existe étant un carnaval répandu, il n’y a plus de carnaval.

Les contre-allées regorgeaient de passants et les fenêtres de curieux. Les terrasses qui couronnent les péristyles des théâtres étaient bordées de spectateurs. Outre les masques, on regardait ce défilé, propre au mardi gras comme à Longchamp, de véhicules de toutes sortes, citadines, tapissières, carrioles, cabriolets, marchant en ordre, rigoureusement rivés les uns aux autres par les règlements de police et comme emboîtés dans des rails.

Quiconque est dans un de ces véhicules-là est tout à la fois spectateur et spectacle. Des sergents de ville maintenaient sur les bas côtés du boulevard ces deux interminables files parallèles se mouvant en mouvement contrarié, et surveillaient, pour que rien n’entravât leur double courant, ces deux ruisseaux de voitures coulant, l’un en aval, l’autre en amont, l’un vers la Chaussée d’Antin, l’autre vers le faubourg Saint-Antoine. Les voitures armoriées des pairs de France et des ambassadeurs tenaient le milieu de la chaussée, allant et venant librement. De certains cortèges magnifiques et joyeux, notamment le Bœuf Gras, avaient le même privilège. Dans cette gaieté de Paris, l’Angleterre faisait claquer son fouet ; la chaise de poste de lord Seymour, harcelée d’un sobriquet populacier, passait à grand bruit.

Dans la double file, le long de laquelle des gardes municipaux galopaient comme des chiens de berger, d’honnêtes berlingots de famille, encombrés de grand’tantes et d’aïeules, étalaient à leur portière de frais groupes d’enfants déguisés, pierrots de sept ans, pierrettes de six ans, ravissants petits êtres, sentant qu’ils faisaient officiellement partie de l’allégresse publique, pénétrés de la dignité de leur arlequinade et ayant une gravité de fonctionnaires.

De temps en temps un embarras survenait quelque part dans la procession des véhicules ; l’une ou l’autre des deux files latérales s’arrêtait jusqu’à ce que le nœud fût dénoué ; une voiture empêchée suffisait pour paralyser toute la ligne. Puis on se remettait en marche.

Les carrosses de la noce étaient dans la file allant vers la Bastille et longeant le côté droit du boulevard. A la hauteur de la rue du Pont-aux-Choux, il y eut un temps d’arrêt. Presque au même instant, sur l’autre bas côté, l’autre file qui allait vers la Madeleine s’arrêta également.

Il y avait à ce point-là de cette file une voiture de masques.

Ces voitures, ou, pour mieux dire, ces charretées de masques sont bien connues des parisiens. Si elles manquaient à un mardi gras ou à une mi-carême, on y entendrait malice, et l’on dirait : il y a quelque chose là-dessous. Probablement le ministère va changer. Un entassement de Cassandres, d’Arlequins et de Colombines, cahoté au-dessus des passants, tous les grotesques possibles depuis le turc jusqu’au sauvage, des hercules supportant des marquises, des poissardes qui feraient boucher les oreilles à Rabelais de même que les ménades faisaient baisser les yeux à Aristophane, perruques de filasse, maillots roses, chapeaux de faraud, lunettes de grimacier, tricornes de Janot taquinés par un papillon, cris jetés aux piétons, poings sur les hanches, postures hardies, épaules nues, faces masquées, impudeurs démuselées ; un chaos d’effronteries promené par un cocher coiffé de fleurs : voilà ce que c’est que cette institution.

La Grèce avait besoin du chariot de Thespis, la France a besoin du fiacre de Vadé.

Tout peut être parodié, même la parodie. La saturnale, cette grimace de la beauté antique, arrive, de grossissement en grossissement, au mardi gras ; et la bacchanale, jadis couronnée de pampres, inondée de soleil, montrant des seins de marbre dans une demi-nudité divine, aujourd’hui avachie sous la guenille mouillée du nord, a fini par s’appeler la chie-en-lit.

La tradition des voitures de masques remonte aux plus vieux temps de la monarchie. Les comptes de Louis XI allouent au bailli du palais « vingt sous tournois pour trois coches de mascarades ès carrefours ». De nos jours, ces monceaux bruyants de créatures se font habituellement charrier par quelque ancien coucou dont ils encombrent l’impériale, ou accablent de leur tumultueux groupe un landau de régie dont les capotes sont rabattues. Ils sont vingt dans une voiture de six. Il y en a sur le siège, sur le strapontin, sur les joues des capotes, sur le timon. Ils enfourchent jusqu’aux lanternes de la voiture. Ils sont debout, couchés, assis, jarrets recroquevillés, jambes pendantes. Les femmes occupent les genoux des hommes. On voit de loin sur le fourmillement des têtes leur pyramide forcenée. Ces carrossées font des montagnes d’allégresse au milieu de la cohue. Collé, Panard et Piron en découlent, enrichis d’argot. On crache de là-haut sur le peuple le catéchisme poissard. Ce fiacre, devenu démesuré par son chargement, a un air de conquête. Brouhaha est à l’avant, Tohubohu est à l’arrière. On y vocifère, on y vocalise, on y hurle, on y éclate, on s’y tord de bonheur ; la gaieté y rugit, le sarcasme y flamboie, la jovialité s’y étale comme une pourpre ; deux haridelles y traînent la farce épanouie en apothéose; c’est le char de triomphe du Rire.

Rire trop cynique pour être franc. Et en effet ce rire est suspect. Ce rire a une mission. Il est chargé de prouver aux parisiens le carnaval.

Pour le renouveau festif étudiant : proposition d’un projet inspiré par la Corda Fratres
23/03/2016

Je viens d’envoyer à Barbara Spinelli, professeure d’italien à l’université Columbia ce mail, intitulé : Pour le renouveau festif étudiant : proposition d’un projet inspiré par la Corda Fratres

Bonjour,

Connaissez-vous l’histoire de la Corda Fratres ? Fondée en 1898 par l’étudiant turinois Efisio Giglio-Tos elle a regroupé des dizaines de milliers d’étudiants des cinq continents. Son but était fraternel et festif, ni politique, ni religieux, ni patriotique, ni humanitaire, ni commercial. Cette belle entreprise a prospéré jusqu’en 1914.. Et a fini de disparaître avec la destruction de la section italienne en 1925 opérée par le régime de Benito Mussolini.

La Corda Fratres a laissé une place vide et une riche expérience. Tirant le bilan de celle-ci, je ne m’efforce pas de faire revivre sa structure, qui était défaillante car trop centralisée et formée de sections centralisées nationalement. Je cherche à en faire revivre l’esprit.

Il s’agit de recréer un vaste tissu d’intercommunications entre sociétés festives étudiantes du monde. Mon projet commence à aboutir. En France, nous avons des fanfares d’étudiants. En Espagne, des Tunas d’étudiants : ensembles d’étudiants chantants en s’accompagnant avec des instruments de musique.

Je viens de mettre en relations la Tuna des étudiants en médecine de Cadix avec les quatre fanfares d’étudiants en médecine de Paris et la fanfare d’étudiants en médecine de Bordeaux. La Tuna de Cadix vient d’inviter les cinq fanfares au concours national des Tunas d’étudiants en médecine d’Espagne. Il aura lieu en novembre prochain à Cadix.

Des liens se nouent. La Tuna de Cadix a l’intention de monter à Bordeaux et Paris faire la fête avec ses nouveaux amis bordelais et parisiens. Les Espagnols vont héberger chez eux leurs invités en novembre.

Par ailleurs, j’ai proposé à des fanfares étudiantes ou plus ou moins étudiantes de Lyon et Annecy de venir faire la fête avec la Goliardia de Turin. Ce serait le 24 juin, pour la Saint Jean, Fête de la ville de Turin. En 2017, c’est un samedi, et en 2018, un dimanche. Ça devrait faciliter les choses. Deux fanfares de Lyon et une fanfare d’Annecy sont déjà intéressées par ce projet.

La Corda Fratres comptait jadis 10 000 étudiants des États-Unis. Il faut renouer avec cet aspect-là des liens fraternels et festifs entre associations festives étudiantes. C’est pourquoi je vous écrit. J’ai pensé que ce projet pourrait être rejoint par l’Ivy League qui ferait passer ce message aux étudiants : de manière indépendante, bilatérale et autogérée, se mettre en lien avec des étudiants organisés d’autres pays, d’autres universités.

Par exemple : les sociétés festives d’étudiants en médecine, s’il en existe aux États-Unis, contacteraient les Tunas de médecine d’Espagne, Portugal et Amérique latine et les fanfares de médecine de France. Pour qu’à l’occasion de voyages se fassent rencontres, hébergements réciproques et fêtes.

Ce projet ne demande pas de l’argent, mais de la volonté et de l’enthousiasme. Renouer avec la belle et grande œuvre injustement oubliée d’Efisio Giglio-Tos : la Corda Frattres. Pour mieux la connaître, je vous invite à lire les deux articles que j’ai écrit dans la Wikipédia en français : Corda Fratres et Efisio Giglio-Tos. J’ai aussi écrit les articles Goliardia et Tuna et créé l’article Fanfare des Beaux-Arts.

Il existe également deux livres pour s’informer sur la Corda Fratres :

Aldo Alessandro Mola, Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell’età dei grandi conflitti, 1898-1948 , préfacé par Fabio Roversi-Monaco, recteur de l’université de Bologne, CLUEB,1999.

Marco Albera, Manlio Collino, Aldo Alessandra Mola, Saecularia Sexta Album. Studenti dell’Università a Torino, sei secoli di storia. Elede Éditrice Srl, Turin 2005.

J’attends votre avis sur mon projet.

Très cordialement.

Basile Pachkoff

Faire la fête avec les carabins à Cadix, Bordeaux et Paris !
18/03/2016

Les carabins de France ont au moins douze belles fanfares ! Les carabins d’Espagne au moins douze belles Tunas, ensembles musicaux qui chantent en s’accompagnant avec des guitares, des mandolines, des bandurrias et d’autres instruments.

La Tuna de Medicina de Cadiz (Tuna des carabins de Cadix) organise en novembre 2016 le vingt-septième Certamen Nacional de Tunas de Medicina de España, Concours national des Tunas de Médecine d’Espagne.

A cette occasion, ils invitent à venir les quatre fanfares de médecine de Paris : les Blouses Brothers, les Makabés, les Moktar Sound SysTem (MST) et les Plaies Mobiles, ainsi que la fanfare de médecine de Bordeaux La Banda Los Teoporos. En collaboration avec la Tuna Feminina de Medicina de Cadiz, Tuna féminine de médecine de Cadix, ils vont loger chez eux les étudiants de Paris et Bordeaux.

But de l’invitation à Cadix : faire la fête, faire connaissance, venir par la suite faire la fête ensemble à Bordeaux et Paris.

Le contact s’est établi grâce aux efforts que j’ai commencé en 2006 pour que se renouent les liens festifs brisés depuis 1924 entre les étudiants festifs de tous les pays. Liens qui existaient jadis au sein de la Corda Fratres.

Si vous souhaitez aller admirer et entendre une fanfare de médecine de Paris : celle des Plaies Mobiles joue devant l’Opéra Garnier à Paris chaque dimanche de 14 à 18 heures (mais pas le 20 mars 2016, pour cause d’examen).

Basile

Deux textes de réflexion pour la renaissance de la fête étudiante
17/03/2016

L’erreur d’Efisio Giglio-Tos explique le recul de la fête et la fraternité étudiante

J’aime faire la fête et la propager. Car il n’y a rien de tel pour se rendre heureux soi-même que rendre heureux les autres. Quand la fête est là, personne ne se demande pourquoi. Quand elle recule ou même disparaît, surgissent des explications passe-partout : la population a changé, la vie a changé, ça n’est plus comme avant, c’est « le progrès ». En fait ces « explications » n’expliquent rien. La même fête peut continuer à exister en un endroit où se rencontrent les mêmes changements qui sont prétendument à l’origine de son « inévitable » disparition ailleurs.

Ainsi, par exemple, on dira que « la vie moderne », la concurrence de la télévision, le développement de la circulation automobile ont contribué à faire disparaître le Carnaval à Paris. Mais, pourquoi alors est-il toujours resté énorme à Cologne où la vie est tout aussi « moderne », la télévision aussi envahissante et les automobiles aussi encombrantes ?

Les arguments faciles seront brandis aussi pour expliquer à l’inverse l’existence et la persistance inhabituelle, surprenante de la fête. Pourquoi existe-t-il toujours un si gigantesque et vivant Carnaval à Dunkerque ? « C’est normal, ce sont des gens du Nord » repondra-t-on souvent. Oui, mais, si je fais juste 66 kilomètres et arrive à Lille, ce sont également des gens du Nord et il n’y a plus de Carnaval dans cette ville. Carnaval qui exista aussi jadis, fut très important et vit éclore la célèbre chanson Le P’tit Quinquin, hymne national de Lille.

La réalité et la réponse est ailleurs que dans les discours simplistes rencontrés habituellement. La fête a une histoire, apparaît, persiste, disparaît ou réapparaît pour des motifs précis qui ne relèvent nullement de « la fatalité ». Fatalité qui nous ferait nous lamenter stérilement sur « le bon vieux temps irrémédiablement disparu ». Vous savez, ce « bon vieux temps » où les jeunes étaient polis avec les anciens et où il faisait chaud en été et froid en hiver ?

La fête connaît sa cuisine, ses recettes, sa culture. Quand la fête disparaît pour des raisons toujours circonstancielles et jamais par la faute de « la fatalité », les recettes sont oubliées. Pourquoi ? Parce que les fêtards font la fête, n’écrivent pas des thèses sur elle. Et ceux qui écrivent des livres ne s’intéressent généralement pas à la fête, voire même la détestent. Je poursuis pour ce qui me concerne un chemin différent. Depuis plus de 23 ans je fais des recherches sur la fête, pour la faire et organise le Carnaval à Paris. Fête très importante et injustement oubliée dont j’ai pris l’initiative de la renaissance en 1993.

La fête étudiante et les organisations festives estudiantines telles que la Faluche, la Goliardia, la Calotte, les Tunas, etc. sont infiniment précieuses. Mais les échanges entre ces organisations manquent terriblement en regard des possibilités. La raison de ce manque est historique.

Il faut remonter en arrière, à l’année où se fête le 800ème anniversaire de l’université de Bologne. En 1888, à cette occasion naissent simultanément deux organisations festives sœurs appelées à un brillant avenir et qui existent toujours : la Faluche et la Goliardia. Au nombre des étudiants de la Goliardia, l’un d’eux se nomme Efisio Giglio-Tos. Turinois, francophile, il va commencer alors à projeter l’idée de créer quelque chose de permanent au plan international. Au bout de dix ans de réflexion, il sera à l’origine de la première société festive et carnavalesque étudiante universelle. La Corda Fratres naît en 1898. Corda Fratres signifie en latin : les Cœurs Frères.

Ce nom est dérivé d’une formule en latin avec laquelle s’achèvent quantité de discours fraternels étudiants de l’époque : sursum corda, Fratres ! Haut les cœurs, frères ! Efisio a enlevé le sursum et ôté la virgule.

La nouvelle société n’est ni politique, ni religieuse, fraternelle et festive elle connaît un succès foudroyant dans une quantité de villes universitaires de par le monde. Elle va compter des dizaines de milliers d’adhérents sur les cinq continents. Mais ensuite elle disparaît vers 1925 et est oubliée.

Pourtant, la fête et la fraternité étudiante, la rencontre ni politique, ni religieuse est toujours d’actualité. Je ne dis pas ça contre la politique ou la religion, mais c’est autre chose. On peut s’amuser ensemble en étant d’opinions politiques ou religieuses différentes.

Alors, pourquoi la Corda Fratres a-t-elle disparu ? La raison est qu’elle souffrait dès le départ d’un très grave vice de construction. Alors qu’elle se voulait apolitique, elle a adopté une structure parfaitement politique : la structure nationale des sections et internationale de l’ensemble. En choisissant ainsi de développer la Corda Fratres, Efisio Giglio-Tos a commit une erreur qui a perdu à terme celle-ci.

Dès le départ, les étudiants autrichiens ont tourné le dos à la Corda Fratres qui militait de facto pour l’éclatement de l’empire austro-hongrois, en privilégiant l’appartenance nationale de ses membres. A juste titre, les Autrichiens voyaient dans ce choix le souhait de contribuer à l’éclatement de leur empire où se côtoyaient différentes nationalités. Par la suite, en 1914, la Corda Fratres, par francophilie prendra le parti de la France contre l’Allemagne. La Corda Fratres en tant qu’organisation ni politique, ni religieuse, fraternelle et festive universelle n’avait pas à prendre partie. Quand bien-même on se placerait d’un côté des belligérants ou de l’autre, ça n’était pas à elle de se prononcer. Le fond du problème a été soulevé avant 1914 : il fallait choisir une structure pour la Corda Fratres se conformant à la conscience de ses membres. Les étudiants se reconnaissent par branches de spécialités, par exemple : médecine, par ville, par exemple Dijon ou Turin, par école ou université, par exemple : faculté de médecine de Tours ou université de Harvard, par activité ludique spécifique, par exemple : musicien.

Le choix de la structure nationale pour une société festive et fraternelle ni politique ni religieuse est absurde. C’est comme si un organisme central décidait par exemple du jour et l’heure où une fanfare étudiante de Bordeaux ou Strasbourg va faire une manche dans la rue. Et cette décision serait prise à Paris, ou à New York. Car Efisio Giglio-Tos voulait une structure mondialement centralisée qui récolte ses cotisations au plan mondial. L’esprit bureaucratique l’avait poussé à élaborer un règlement interminable où était précisé jusqu’au mode de porter différents toasts au cours des manifestations festives !

L’introduction structurelle de la politique dans l’organisation créée par Efisio conduira à sa politisation interne. Quand, au début des années 1920, le fascisme arrive au pouvoir en Italie, celui-ci détruit la Corda Fatres italienne non seulement parce qu’elle ne tolère pas son indépendance. Mais aussi parce qu’elle a une direction antifasciste. Les sièges de Naples et Rome sont saccagés par les squadristi, commandos de choc fascistes, les biens de la Corda Fratres sont confisqués.

La section italienne de la Corda Fratres jouait un rôle essentiel pour son fonctionnement. Elle n’existe plus. Le régime fasciste durera suffisamment de temps pour que la plupart des étudiants italiens de l’après-fascisme ignorent ce qu’elle a représenté. Les essais de renaissance de la Corda Fratres en Italie échoueront dans les années suivant peu après la fin du fascisme. Une fois de plus pour la raison de vouloir une organisation centralisée nationalement. Ce qui entraîne des rivalités entre le nord et le sud de l’Italie et même entre des villes situées dans la même zone géographique.

Tirer le bilan de la Corda Fratres, c’est éviter l’erreur de la centralisation. Respecter l’indépendance des branches de spécialités, villes, écoles, activité ludique spécifique. Et promouvoir les contacts bilatéraux. Par exemple : demain faire renaître la fête partagée entre étudiants lyonnais et turinois.

Basile, Paris le 16 mars 2016

Faire revivre la Corda Fratres : comment procéder ?

Depuis dix ans, je propose la renaissance de la Corda Fratres, première société festive et fraternelle étudiante universelle, qui a prospéré de 1898 à 1925, comptant des dizaines de milliers d’adhérents sur les cinq continents. Mais la vraie question posée est : comment procéder pour cette renaissance en évitant les erreurs commises hier ? Il m’a fallut dix ans pour arriver à trouver une réponse à cette question.

Quand je parle de faire renaître la Corda Fratres je suscite l’approbation… et la panique.

Approbation : quelle bonne idée que recréer cette société festive et fraternelle !

Panique : oui, mais, s’en occuper nécessitera un travail colossal, je vais ruiner mes études, rater tous mes examens, se dit le brave étudiant ou la brave étudiante.

Il ne faut pas recréer la Corda Fratres, mais faire renaître l’esprit de la Corda Fratres, ce qui est tout à fait différent. Car il s’agit justement de ne pas ruiner les études et faire rater leurs examens aux étudiants, mais qu’ils s’apportent un plus festif et amical. Ne surtout pas retenter le chemin erroné du passé. Une société festive et fraternelle sur les cinq continents n’a pas, ne peut pas et ne doit pas tenter le mirage et le piège de la centralisation. Elle doit être à l’image des sociétés festives qui marchent.

Les fanfares étudiantes, par exemple, font chacune leur vie, s’aiment bien entre elles, se rencontrent, mais restent complètement indépendantes. Et ça marche très bien à Paris au moins depuis 1889 !

Les sociétés festives de villes de divers pays peuvent se rassembler, voyager, s’héberger les unes les autres, mais n’ont pas à chercher à se créer une sorte d’absurde « gouvernance mondiale » ou « gouvernance européenne » qui ne leur corresponds pas et ramènerait des divisions politiques.

Durant l’été, par exemple, des sociétés festives peuvent proposer de se retrouver à un moment donné en vacances dans un lieu donné durant une semaine, dix jours, et faire la fête. Ou se retrouver ensemble à l’occasion d’une fête locale qui peut être une fête étudiante ou pas.

Sur les sites Internet de Tunas étudiantes, on voit souvent les photos souvenirs de leurs voyages dans diverses villes : Paris ou ailleurs. Quel dommage que ces voyages n’aient pas été l’occasion de rencontres festives avec des homologues locaux ! Et d’hébergements « chez l’habitant », bien moins onéreux et beaucoup plus chaleureux que les hôtels, campings ou auberges de la jeunesse !

C’était une des idées de la Corda Fratres : l’étudiant voyageur voyage de ville universitaire en ville universitaire en étant logé par d’autres étudiants, qu’il invite à son tour chez lui.

Ça a fonctionné à l’époque où la communication n’était pas ce qu’elle est à présent. De 1898 à 1925, la Corda Fratres a promut ce type d’échanges. Quand j’ai parlé de la disparition de la Corda Fratres avec le professeur Aldo Alessandro Mola, qui a étudié son histoire et écrit un livre à son sujet, il m’a dit qu’elle manquait à présent. Il est parfaitement possible de la faire renaître en tirant ses enseignements et évitant les erreurs du passé.

En 1898, Efisio Giglio-Tos, le fondateur de la Corda Fratres, estimait le nombre total des étudiants de la planète à un million. A présent il y en a des dizaines de millions. Ce n’est pas un obstacle. Ce sont de nombreuses possibilités supplémentaires !

Basile, Paris le 16 mars 2016

Autogérer la fête pour la réussir à Paris, Lyon, Turin, Bordeaux, Pampelune, etc. – Mail envoyé le 17 mars 2016 à la liste de diffusion du Carnaval des Femmes et du Carnaval de Paris
17/03/2016

Si, par exemple, vous organisez votre anniversaire : vous fixez une date, un lieu, une liste d’invités. Vous précisez ce qu’ils doivent ou peuvent apporter avec eux. Vous achetez boissons, gâteaux, etc. Cette façon de faire relève de la pratique autogestionnaire. L’autogestion, mot qu’on voit quelquefois associer à des idées révolutionnaires, est en fait un des modes d’organisation de la société humaine. On y fait appel pour la fête vivante et réussie et la famille. Le Carnaval de Dunkerque, le plus beau des Carnavals de chez nous, voit son organisation reposer sur les dizaines de sociétés philanthropiques et carnavalesques de la région. Toutes ces sociétés, même si certaines sont formellement fédérées au sein de l’ABCD, Association des Bals du Carnaval Dunkerquois, sont en fait farouchement indépendantes. Elles sont autogérées et sont la clé du succès de la fête.

Le Carnaval de Paris et le Carnaval des Femmes, fêtes apolitiques; traditionnelles, libres, bénévoles et gratuites, sont également autogérées. Les participants gèrent eux-mêmes leur participation. Le résultat est un grand succès. Environ 5000 participants le 7 février 2016 au 19ème Carnaval de Paris et plusieurs centaines de participants au 8ème Carnaval des Femmes le 6 mars. Le tract et les affiches pour 2017 sont déjà finalisés. Je vous les adresse en pièces jointes. Si la formule autogestionnaire fonctionne pour la fête à Paris, faisons-en profiter aussi ailleurs qu’à Paris !

Le 28 février dernier, à la diffusion de tracts une semaine avant le Carnaval des Femmes, j’ai rencontré une des quatre fanfares d’étudiants en médecine de Paris : les Blouses Brothers. Je les ai invité au Carnaval de Paris et au Carnaval des Femmes en 2017. Voici leurs photos :

La fanfare d'étudiants en médecine de Paris VI Les Blouses Brothers - 1 - P1460680La fanfare d'étudiants en médecine de Paris VI Les Blouses Brothers - 2 - P1460681La fanfare d'étudiants en médecine de Paris VI Les Blouses Brothers - 3 - P1460682La fanfare d'étudiants en médecine de Paris VI Les Blouses Brothers - 5 - P1460684

J’ai pensé aller plus loin. Il y a dix ans j’ai eu un contact très positif avec des associations musicales étudiantes d’Espagne, Portugal et Amérique du Sud : des Tunas. Elles voulaient venir au Carnaval de Paris, projet qui n’a put alors se réaliser. J’ai cherché à renouer le contact avec trois de ces Tunas et réussit à toucher la Tuna de Médecine de Cadix. Ils sont prêts à venir au Carnaval de Paris en 2017, entrer en relation avec les Blouses Brothers et les accueillir chez eux. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il y a onze ans, en 2005, la société festive traditionnelle étudiante de la Goliardia de Turin, que j’avais invité, a participé au Carnaval de Paris. Le soir de la fête j’ai été pris en photo avec des membres de cette société coiffés de leurs curieux chapeaux :

Le Grand Pontife de la Goliardia de Turin au Carnaval de Paris 2005

Turin et Lyon ne sont pas si loin que ça et les traditions de liens festifs existaient sûrement jadis entre ces deux villes. Pour les reprendre j’ai lancé le projet suivant : il existe des fanfares étudiantes à Lyon. Je les ai contactés. Et écrit aux fanfares Band’As, Cacophonie, Krapos, Piston et Pustule. Et aussi à la fanfare La Ripaille à sons d’Annecy. Pour leur proposer l’idée de monter à Turin en liaison avec la Goliardia de Turin pour la fête patronale de la ville, la Saint Jean, le 24 juin. Qui tombe un samedi en 2017 et un dimanche en 2018. J’y ai déjà participé une fois au côté de la Goliardia de Turin. Les fanfares Cacophonie, Krapos, Pustule et La Ripaille à sons sont intéressées.  Je viens d’avoir le contact avec la Faluche à Lyon, organisation sœur de la Goliardia. La Goliardia de Turin, à qui j’ai écrit, n’a pas encore répondu. J’espère la rencontrer à Turin fin mai prochain.

Il existe à Bordeaux une superbe fanfare de carabins : la Banda Los Teoporos. L’Espagne est à côté. Il y a douze fanfares de carabins en France et douze Tunas de médecine en Espagne. Ça donne des idées : les associer deux par deux, une Tuna avec une fanfare, au moins. J’ai cherché quelle Tuna de médecine d’Espagne était la plus proche de Bordeaux. C’est celle de Pampelune à 289 kilomètres ! J’ai écrit à Bordeaux et Pampelune pour leur proposer que la Tuna et la fanfare se rencontrent. Pour l’instant je n’ai pas eu de réponses. Je mettrais le temps qu’il faudra, mais finalement je sais que cette rencontre se fera. Car elle concerne des carabins festifs et musiciens ! Ils viendront aussi un jour au Carnaval de Paris et au Carnaval des Femmes. Amusons-nous tous ensemble, et bon printemps !

                                                                                                                            Basile

Voir le compte-rendu du 8ème Carnaval des Femmes