A Paris, à Mi-Carême, au moins à partir du XVIIIème siècle, se met en place la fête des femmes qui devient aussi celle des étudiants à partir de 1893. L’importante corporation des blanchisseuses va l’organiser d’où le nom qu’elle va prendre de Fête des blanchisseuses. Elles élisent des reines de lavoir ou bateau-lavoir et une reine de toutes les blanchisseuses. La fête a lieu au lavoir ou bateau-lavoir et dure jusqu’au soir. Autrefois, les corporations féminines était le seul cadre où les femmes échappaient à la lourde tutelle masculine. Lieux de travail pénible, les Halles, lavoirs et marchés deviennent pour elles, lieux de liberté en ce jour de fête et de congé. Le défilé des Reines et le cortège de la Reine de toutes les blanchisseuses avaient une dimension très importante dans la vie festive parisienne.
Mademoiselle Clotilde Ozouf
A partir de 1891, le président de la chambre syndicale des maîtres de lavoirs prend l’initiative de fédérer les cortèges des employées des lavoirs parisiens. Le résultat de son action va être à terme de substituer à une fête populaire, une fête de prestige, un spectacle de rue. Il souhaite sans doute également calmer la pression des femmes qui veulent plus de droit. La Reine des reines de Paris est créée et remplace la reine de toutes les blanchisseuses. Par la suite, cela provoque des rivalités entre dirigeants des lavoirs, halles et marchés parisiens.
En 1906, un nombre important de délégations étrangères participent à l’évènement. C’est le Comité des Fêtes de Paris (organisme privé) qui le met en place.
Après la Grande Guerre, l’aventure redémarre très vite. Mais une crise frappe le comité organisateur qui s’éloigne de plus en plus de la tradition entraînant l’essoufflement progressif de la fête. Elle disparaît dans les années 1930, même si défilent encore un très grand cortège en mars 1946 et des cortèges d’enfants sur les Champs-Elysées, dans les années 1950 et jusqu’en 1960.
Les marchés de Paris continuent à élire leur reine, puis dans les années 1950 c’est un homme qui est élu. La tradition se perd ensuite. Après sa disparition, la Mi-Carême, fête des femmes et des étudiants est littéralement effacée de la mémoire collective. Aujourd’hui, la situation des femmes est différente mais des groupes et de nombreuses corporations féminines existent toujours (hôpitaux, coiffure) et l’envie de joie et d’affirmation également.
Nous allons continuer !! ont décidé en 2008 les fondatrices de l’association Cœurs Sœurs. Depuis 2009, le cortège des Reines de blanchisseuses de la Mi-Carême défile à nouveau à Paris.